
1337 : Le jour où Édouard III déclencha la terrible guerre de Cent Ans
- Histoire
- 23 novembre 2025
Le jour où l’Europe bascula : 7 octobre 1337
Le 7 octobre 1337, dans les salles austères du château de Windsor, Édouard III d’Angleterre pose un acte spectaculaire que nul ne pourra ignorer. Ce jour-là, il déchire publiquement l’hommage qu’il avait prêté à Philippe VI de Valois, rompant symboliquement avec le royaume de France. Par ce geste théâtral, le souverain anglais revendique son droit à succéder aux Capétiens, affirmant être le véritable roi de France en raison de sa filiation maternelle : il est le petit-fils de Philippe le Bel.
L’événement peut sembler administratif, presque technique. Il n’est pourtant rien de moins que l’étincelle qui embrasera l’Europe occidentale pendant plus d’un siècle. Car derrière ce défi se cache une tension profonde : la France et l’Angleterre ne sont plus de simples royaumes voisins, mais deux puissances en plein essor, chacune déterminée à imposer sa vision de l’autorité royale et de la souveraineté.
🎥 Regardez la version courte de cette histoire sur YouTube :
Un contexte explosif
Lorsque Charles IV, dernier roi capétien direct, meurt en 1328 sans héritier mâle, un problème inédit surgit : faut-il accepter qu’un descendant par les femmes monte sur le trône de France ? Les juristes du royaume invoquent alors la « loi salique », un principe encore flou mais pratique, qui exclut la transmission de la couronne par les femmes. Ce choix place Philippe VI de Valois sur le trône.
Mais en Angleterre, la décision est loin de faire consensus. Isabelle de France, fille de Philippe le Bel et mère d’Édouard III, n’a jamais accepté d’être écartée. Édouard, jeune mais ambitieux, voit dans cette exclusion une occasion unique : celle de revendiquer un héritage qui renforcerait considérablement son propre royaume.
Ainsi, en 1337, les deux souverains s’opposent non seulement pour une couronne, mais pour un symbole. Les lys d’or sur fond azur contre les léopards d’Angleterre : deux identités, deux légitimités, deux visions du monde féodal.
Philippe VI contre Édouard III : deux rois, deux styles
Philippe VI, premier roi de la dynastie des Valois, est un prince expérimenté, élevé dans l’idée de service aux Capétiens. Son règne débute sous de bons auspices : il semble avoir le soutien des grands seigneurs et de l’Église.
Édouard III, au contraire, est jeune, fougueux et déterminé à restaurer le prestige de la monarchie anglaise. Dès ses premières années de règne, il s’entoure de capitaines talentueux et modernise son armée, particulièrement son infanterie d’archers longbowmen, qui deviendra l’une des forces décisives du conflit à venir.
Leur opposition est personnelle autant que politique. Philippe méprise l’ambition de son vassal « d’outre-Manche », tandis qu’Édouard supporte de moins en moins l’autorité française sur la Guyenne, ce vaste territoire continental que les rois anglais tiennent en fief depuis des siècles.
Leur duel ne tardera pas à s’étendre à toute l’Europe.
L’anecdote que l’on ne raconte presque jamais
Une tradition ancienne — rarement mentionnée dans les ouvrages grand public — rapporte qu’Édouard III aurait fait préparer, peu avant sa déclaration de rupture, un manteau spécialement brodé mêlant les armes d’Angleterre et celles de France. Non pas pour la guerre, mais pour impressionner les ambassadeurs étrangers qu’il recevait à Windsor.
L’idée était simple : avant même de proclamer ses droits, Édouard voulait habituer les cours d’Europe à le voir comme le futur « roi des deux royaumes ». Ce manteau, qui aurait été brodé par les ateliers royaux, n’a jamais été conservé, mais plusieurs inventaires de la Chambre du Roi mentionnent un « drap aux armes fusionnées », probablement un vestige de cette mise en scène diplomatique.
Cette stratégie montre qu’Édouard ne fut pas seulement un guerrier : il fut aussi un maître de la communication politique avant l’heure.
Une guerre qui façonna la civilisation médiévale
La guerre de Cent Ans ne sera pas un conflit continu, mais une succession de campagnes, de trêves et de retournements. Elle verra naître des figures emblématiques — du Prince Noir à Jeanne d’Arc — et des batailles légendaires comme Crécy, Poitiers ou Azincourt.
Elle marquera aussi la transformation des monarchies européennes : armées permanentes, fiscalité moderne, fin progressive du système féodal traditionnel.
Tout cela commença un jour d’octobre 1337, par un geste de défi à Windsor.
Liens pour approfondir
Encyclopédie Britannica – Edward III
https://www.britannica.com/biography/Edward-III-king-of-England









