« Quand la mer devient votre tombeau » : la bataille décisive du 20 novembre 1759

Le 20 novembre 1759, une bataille navale au large de la Bretagne allait bouleverser le destin d’un projet audacieux : l’invasion de l’Angleterre par la France. Dans une mer impitoyable, entre Belle-Île, Le Croisic et les îles d’Hœdic et Dumet, quarante-quatre navires se livrent un combat féroce. Ce jour-là, l’ombre d’un empire qui chavire se dessine.

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Contexte historique : la guerre de Sept Ans et le rêve français

Cette confrontation s’inscrit dans la guerre de Sept Ans (1756–1763), un conflit global qui oppose les grandes puissances européennes sur plusieurs théâtres : Europe, Amériques, Inde…
En 1759, la France nourrit un plan audacieux : débarquer vingt mille hommes en Grande-Bretagne (ou en Écosse) depuis le Golfe du Morbihan, sous l’égide du Duc d’Aiguillon.
Mais pour cela, il faut que la flotte d’escorte réussisse à percer le blocus britannique autour de Brest, dominé par la Royal Navy d’Edward Hawke.

Les principaux protagonistes

  • Le maréchal Hubert de Brienne, comte de Conflans : commandant de la flotte française. Homme expérimenté, il mise sur sa connaissance des côtes bretonnes pour manœuvrer dans des eaux dangereuses : haut-fonds, récifs…
  • L’amiral Sir Edward Hawke : commandant britannique, implacable. Malgré les dangers des récifs, il poursuit Conflans jusque dans la baie de Quiberon dans une mer démontée.
  • François de Saint-Allouarn : capitaine français de vaisseau, il meurt au large de Quiberon. Son nom est moins connu, mais il incarne les officiers français tombés dans cette déroute.
  • Le vaisseau « Superbe » : un 74 canons français, construit à Brest, qui sombre pendant l’engagement. Le « Soleil Royal » : le navire amiral français, qui s’échoue près du Croisic et est incendié pour éviter sa capture

Le déroulé de la bataille

Le 14 novembre 1759, Conflans quitte Brest avec sa flotte d’escorte. Il vise à regrouper ses forces et protéger les transports de troupes destinés à l’invasion. Mais Hawke, déjà informé, reprend la mer depuis Torbay pour le traquer.

Le matin du 20 novembre, Conflans repère une petite escadre anglaise (sous le commandement du commodore Duff) et la poursuit. Soudain, à l’horizon, surgit toute la flotte de Hawke : vingt-quatre navires de ligne britanniques contre vingt-et-un français. Pris de court, Conflans décide de se replier dans la baie de Quiberon, pensant se protéger derrière les hauts-fonds et le mauvais temps.

Mais Hawke ne renonce pas : il ordonne à sa flotte de le suivre dans cette baie dangereuse. Sous une mer furieuse, le combat devient chaotique. Plusieurs vaisseaux français, dans le tumulte, manœuvrent mal. Le Thésée et le Superbe coulent, emportés par les vagues ou par les tirs. Le Soleil Royal, lui, s’échoue et brûle le lendemain pour éviter d’être pris.

Bilan humain et stratégique

Le massacre est terrible pour les Français : environ 2 500 morts, selon les sources. Six bâtiments sont détruits, un capturé, et le reste de la flotte se disperse ou se réfugie. Beaucoup de navires restants trouvent refuge dans l’estuaire de la Vilaine, où ils resteront bloqués pendant des mois.

Stratégiquement, cette victoire britannique met fin au projet français d’invasion : la suprématie maritime passe définitivement à l’Angleterre. Pour la Royal Navy, c’est un triomphe majeur ; pour la France, un coup dur qui oblige à une profonde réorganisation de sa marine.

Une anecdote moins connue

Voici un fait surprenant : selon les Archives départementales du Morbihan, certains corps des marins français tombés dans la bataille ont été rendus à la côte et enterrés dans des cimetières locaux, notamment à Sarzeau.
Mais ce n’est pas tout : lors de fouilles archéologiques sous-marines menées entre 1955 et 2009, des épaves des navires coulés ont été localisées et étudiées. Ces découvertes apportent un souvenir matériel de cette tragédie et témoignent de la mémoire locale, souvent oubliée dans les récits généraux.

Un autre détail moins souvent rapporté : la chanson « Hearts of Oak », devenue l’un des hymnes emblématiques de la Royal Navy, aurait été inspirée en partie par cette bataille.

Pourquoi cette bataille a basculé le destin

  • Le terrain – La baie de Quiberon est parsemée de récifs, de hauts-fonds et de zones peu cartographiées. Conflans pensait que cela le protégerait, mais cela se retourne contre lui quand Hawke le poursuit malgré les dangers. rmg.co.uk

  • Le mauvais temps – Une mer déchaînée rend les manœuvres extrêmement difficiles. Dans ces conditions, la cohésion d’une flotte est mise à rude épreuve.

  • La détermination britannique – Hawke ne se limite pas à un blocus prudent : il prend des risques et lance une poursuite agressive.

  • La faiblesse du plan d’invasion – Même si le débarquement de troupes était prévu, le soutien naval était vulnérable. La flotte française, si elle se brise, met tout le projet en péril.

Pour aller plus loin

Voici quelques ressources fiables pour approfondir :

Conclusion

Le 20 novembre 1759, la mer a trahi la France. Entre tempête et récifs, la flotte du maréchal de Conflans a sombré face à l’audace d’Hawke, et avec elle, l’espoir d’une invasion victorieuse. Cette bataille n’est pas seulement un épisode militaire : elle raconte l’humilité d’une ambition face à la nature, et l’irrésistible ascension d’une puissance navale. Aujourd’hui encore, les épaves reposent dans les eaux bretonnes, et la mémoire de ces hommes résonne dans les archives et les fonds marins.

Rambarde Knight

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