Les Révoltes Proto-Révolutionnaires sous Charles VI : Un Prélude Oublié à la Révolution Française

Introduction : Un Roi Fou et un Royaume en Ébullition

Dans l’histoire glorieuse de la France, le règne de Charles VI (1380-1422) reste une période sombre, marquée par la folie du roi et les luttes intestines. Pourtant, c’est aussi un temps de contestations populaires qui annoncent les grands bouleversements à venir. En tant que Français fiers de notre héritage national, catholique et royaliste, nous devons nous pencher sur ces événements non pour dénigrer la monarchie, mais pour en critiquer les dérives : corruption des élites, fiscalité oppressive et défaillances financières qui ont miné l’autorité royale. Ces « proto-révolutions » ne visaient pas à renverser le trône, mais à le purifier, rappelant que la vraie souveraineté repose sur un roi juste, guidé par la foi et le bien commun.

Oui, il y a bien eu des tentatives de type proto-révolutionnaire sous Charles VI,

Surtout pendant sa minorité et ses crises de folie à partir de 1392. Ces mouvements ne constituent pas des révolutions au sens moderne, mais des soulèvements urbains et ruraux contre l’injustice fiscale et la mauvaise gouvernance. Ils annoncent les idéaux de 1789, tout en restant ancrés dans une vision traditionnelle de la France catholique et monarchique. Examinons-les en détail, en respectant l’ordre chronologique et thématique de notre exploration.
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Illustration de Charles VI

Les Principaux Épisodes de Contestation : Des Soulèvements Antifiscaux à la Crise Politique

Le règne de Charles VI débute sous la régence de ses oncles, après la mort de Charles V qui avait allégé les impôts. Mais la guerre et les besoins financiers poussent à un rétablissement brutal des taxes, provoquant une vague de révoltes. Ces événements critiquent ouvertement la corruption des princes et des collecteurs d’impôts, soulignant les problèmes financiers qui affaiblissent la Couronne.

1. Les Révoltes des Maillotins (1382)

À Paris, le 1er mars 1382, le peuple s’insurge contre le rétablissement des fouages et autres impôts. Armés de maillets de plomb pris à l’Hôtel de Ville – d’où leur nom de « Maillotins » –, les Parisiens tuent des collecteurs d’impôts et chassent les agents royaux. Cette « Jacquerie parisienne » est une explosion de colère populaire contre une fiscalité injuste, imposée sans consentement. La répression est féroce : exécutions et amendes colossales. Pourtant, en tant que royalistes, nous voyons ici non une trahison, mais un cri légitime contre la corruption des élites qui dilapident les ressources du royaume.

2. La Harelle à Rouen (1382)

Simultanément, Rouen connaît une émeute similaire. Les habitants, excédés par les impôts, pillent abbayes et maisons riches. Un drapier nommé Charleux est même proclamé « roi des communes ». La répression est tout aussi violente. Ces révoltes urbaines soulignent les dysfonctionnements financiers : une monarchie affaiblie par des princes avides, loin de l’idéal catholique d’un roi protecteur du peuple.

3. Les Tuchins (1382-1384)

Dans le Languedoc et le Massif central, des bandes armées de paysans – les Tuchins – attaquent châteaux et agents fiscaux. Le terme « tuchin » évoque « toucher » ou frapper, symbolisant leur violence contre les exactions des routiers et la guerre. Cette jacquerie prolongée critique les problèmes de finance publique, où les impôts servent non au bien commun, mais à enrichir une élite corrompue.

4. La Grande Crise des Cabochiens (1413)

L’épisode le plus marquant est la révolte cabochienne de 1413, au cœur de la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons. Avec la folie de Charles VI, la misère et la dévaluation monétaire, Paris bouillonne. Jean sans Peur, duc de Bourgogne, laisse monter un mouvement populaire mené par les bouchers, dont la famille Caboche, et le chirurgien Jean de Troyes. En mai 1413, l’ordonnance cabochienne – plus de 250 articles – est promulguée : suppression de la vénalité des offices, contrôle des finances, limitation du pouvoir des princes. Des émeutes violentes s’ensuivent, avec exécutions sommaires. Mais en août, les Armagnacs reprennent Paris, massacrant les Cabochiens et abrogeant l’ordonnance.
Cette « révolution avortée » est la plus proche d’une prise de pouvoir populaire avant 1789. Elle critique la corruption des élites princières, tout en aspirant à une monarchie réformée, fidèle à ses racines catholiques.

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Illustration de Simon Caboche

5. Autres Soulèvements Mineurs

Des révoltes antifiscales récurrentes agitent Paris en 1383, 1407-1408 et 1418, quand les Bourguignons reprennent la ville avec l’appui populaire. Ces épisodes montrent une politisation croissante des artisans et bourgeois, défendant une France unie sous un roi juste contre les abus financiers.
En résumé, sous Charles VI, ces mouvements proto-révolutionnaires – violents mais non anarchiques – visent à restaurer l’ordre royal en luttant contre la corruption et les problèmes de finance. Ils préfigurent les idéaux de la Révolution, mais dans un cadre nationaliste et catholique, où le peuple reste fidèle au trône.

Le rôle décisif de Jean sans Peur

Jean sans Peur, duc de Bourgogne, est le véritable marionnettiste.

C’est lui qui, dès 1411, finance et arme les corporations parisiennes pour chasser les Armagnacs. Il laisse Simon Caboche et les bouchers prendre le pouvoir, valide l’ordonnance cabochienne qu’il a fait rédiger par ses clercs (dont Pierre Cauchon), protège Capeluche… puis, quand la Terreur devient insoutenable et que l’opinion bascule, il se retire à Lagny-sur-Marne et abandonne les Cabochiens à leur sort.
Classique trahison féodale : un prince du sang utilise le peuple comme bélier, puis le jette quand il n’en a plus besoin. Le vrai ennemi n’est jamais le peuple français, mais ces grands qui divisent la Couronne.

Jean sans Peur, ce prince rusé qui avait cru pouvoir chevaucher la colère populaire comme un destrier de guerre, finira par payer de sa vie l’habitude de trahir ses propres créatures. Le 10 septembre 1419, sur le pont de Montereau, au cours d’une entrevue censée sceller la réconciliation avec le dauphin, il est frappé à mort par l’entourage de celui qui deviendra Charles VII. Tanneguy du Châtel lui porte le coup de hache fatal, et le dauphin, présent sur place, laisse faire. 

Ironie suprême : l’homme qui avait lâché les Cabochiens et Capeluche aux loups, qui avait ouvert Paris aux Anglais pour garder son pouvoir, meurt assassiné sous les yeux du futur roi très-chrétien qu’il avait dépossédé.

Ainsi la Providence, parfois, rend justice elle-même : celui qui avait joué avec le sang du peuple français finit dans son propre sang, et c’est le fils du roi fou qui, malgré ses faiblesses, portera plus tard le titre de « Victorieux » après avoir chassé l’Anglais.

Le cercle se referme, impitoyable.

Les Voix du Peuple au XVᵉ siècle : Témoignages d’époque accablants

Pour comprendre la profondeur du désespoir populaire sous Charles VI, il faut écouter ceux qui l’ont vécu et décrit. Voici quelques sources contemporaines ou quasi-contemporaines, précieusement conservées, qui montrent que la révolte n’était pas un caprice de « populace », mais une réaction à une souffrance devenue insoutenable.

Le Religieux de Saint-Denis (Michel Pintoin), chroniqueur officiel du roi (vers 1415-1422)

« Les pauvres gens disaient ouvertement que mieux valait mourir une fois que souffrir mille morts tous les jours. »

Journal d’un bourgeois de Paris (anonyme, 1405-1449)


Sur les impôts de 1418 :
« Le menu peuple cryoit par les rues : “Paix ! Paix !” et “Mourir pour mourir, autant vaut mourir pour la paix que pour la guerre”. »

Le plus terrible : le plaidoyer du clerc réformateur Jean de Montreuil († 1418), secrétaire du roi, dans une lettre adressée aux princes en 1413-1414 (Regalis excellentia, Bibliothèque nationale de France, ms. latin 14643) :

« […] N’est-ce pas chose intolérable aux sujets, quand rien n’est sûr, ni en corps, ni en meubles, ni en conscience : car le peureux souci, l’angoisse continuelle d’être pillés par prince, ou par gens d’armes, leur fait très graves, très impatients et douloureux tourments : tant que de notre temps plusieurs sont chus en désespoir et se sont occis, Dieu, quelle horreur ! Ils se sont occis l’un par pendre, l’autre par noyer, l’autre par périr d’un couteau dans le cœur… »

Ce texte, écrit par un loyal serviteur de la Couronne, n’émane pas d’un agitateur cabochien, mais d’un humaniste royaliste horrifié par la misère qu’il voit autour de lui. Il décrit un peuple poussé au suicide collectif par la pression fiscale et l’insécurité permanente : exactement la même détresse qui, quatre siècles plus tard, mènera aux cahiers de doléances de 1789.

Parallèle avec notre temps :
On ne peut lire ces lignes sans penser aux Français d’aujourd’hui qui, écrasés par les prélèvements obligatoires records d’Europe et par l’insécurité grandissante, disent parfois, les larmes aux yeux : « On n’en peut plus ». La France de 1413 et celle de 2025 ont au moins un point commun : quand l’État se montre incapable de protéger les biens, les personnes et la foi de ses sujets, le désespoir devient politique. Et l’Histoire nous enseigne que ce désespoir, tôt ou tard, explose.

Capeluche, le bourreau sanguinaire qui discrédite la cause

Tout soulèvement populaire porte en lui le risque de la dérive. Avec Capeluche, la révolte cabochienne touche le fond de l’abîme.
Nommé exécuteur officiel par les Cabochiens, cet écorcheur professionnel, flanqué d’une horde de miséreux et de criminels, transforme les rues de Paris en boucherie. Femmes, enfants, prêtres, prisonniers désarmés : personne n’est épargné.

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Illustration de Capeluche

Le Journal d’un bourgeois de Paris rapporte qu’il « tuait pour le plaisir de tuer » et qu’il égorgeait parfois lui-même, « riant et se baignant les mains dans le sang ».

Ce n’est plus la colère du peuple, c’est le sadisme déchaîné. Et c’est précisément cette sauvagerie qui va retourner l’opinion parisienne contre les Cabochiens. Quand les Armagnacs reprendront Paris en août 1413, puis définitivement en 1418, la population, écœurée, les laissera entrer presque sans résistance. Capeluche sera d’ailleurs l’un des premiers à être exécuté sur l’échafaud qu’il avait lui-même dressé : décapité le 11 août 1418 place de Grève, sous les huées de ceux qui, quelques mois plus tôt, l’acclamaient.

Ainsi, en quelques semaines, un mouvement qui portait des revendications légitimes – fin de la corruption, justice fiscale, monarchie réformée – se voit sali à jamais par le sang innocent. Capeluche est la preuve tragique que, sans discipline et sans charité chrétienne, la colère populaire, même juste à l’origine, peut enfanter le monstre.

Le Rôle de Pierre Cauchon : De Révolutionnaire à Inquisiteur

Pierre Cauchon, futur évêque de Beauvais et artisan du procès de Jeanne d’Arc en 1431, joue un rôle clé dans les Cabochiens. Âgé d’environ 32 ans en 1413, ce clerc ambitieux, licencié en droit canon et recteur de l’Université de Paris, est un partisan bourguignon.

Il rédige et défend l’ordonnance cabochienne, prononce des sermons virulents pour justifier la révolte, et siège dans les tribunaux d’épuration. Condamné par contumace après la chute des Cabochiens, il s’exile avant de revenir en 1418.

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Illustration de Pierre Cauchon

Ironie tragique de l’Histoire : celui qui, en 1413, rédigeait l’ordonnance cabochienne pour purger le royaume de la corruption et redonner au roi son autorité légitime, deviendra en 1431 le principal artisan de la condamnation de Jeanne d’Arc, cette sainte envoyée par Dieu pour sauver la monarchie française.

Dans une perspective résolument catholique et royaliste, Pierre Cauchon révèle la fracture profonde qui gangrénait alors l’élite ecclésiastique et politique : d’un côté, une colère sincère contre les abus financiers et la vénalité qui affaiblissaient la Couronne ; de l’autre, une fidélité absolue à l’ordre établi et à l’alliance anglaise quand celle-ci semblait garantir la survie de l’Église face à ce qu’il perçut comme une menace prophétique incontrôlable.

Ainsi, l’homme qui voulait réformer la monarchie pour la sauver finit par trahir la mission divine qui seule pouvait la restaurer. Son parcours illustre, mieux que tout discours, combien la peur de la subversion populaire et l’aveuglement politique peuvent détourner même les esprits les plus brillants du véritable bien de la France catholique et royale.

Les Revendications Cabochiennes : Étonnantes Similitudes avec la Constitution de 1791

Les revendications des Cabochiens préfigurent la Déclaration des droits de l’homme de 1789 et la Constitution de 1791. L’ordonnance de 1413, avec ses 258 articles, propose une réforme radicale de l’État, critiquant la corruption et les problèmes financiers.

Voici un tableau comparatif des parallèles les plus frappants :

D’autres points modernes incluent le non-cumul des offices et la responsabilité des ministres. Les historiens comme Colette Beaune et Boris Bove parlent d’une « modernité étonnante ». En ton nationaliste, ces idées défendent une France royale purifiée de la corruption élitiste, alignée sur des principes catholiques de justice.

Les Marmousets et les Cabochiens : Liens et Oppositions

Les Marmousets, conseillers de Charles VI de 1388-1392, visaient une réforme par le haut contre les princes. Menés par Olivier de Clisson et Bureau de La Rivière, ils renforçaient le pouvoir royal avec le soutien du roi lucide.

Voici un tableau comparatif :

Liens idéologiques : Les deux se réclament de Charles V, critiquant la corruption. Mais opposition sociale : Les Cabochiens haïssent les Marmousets comme une élite corrompue. Un prédicateur cabochien déclare :

« Les Marmousets ont commencé, mais se sont corrompus ; nous achèverons par la force. »

En perspective royaliste, les Marmousets incarnent une réforme technocratique loyale, tandis que les Cabochiens, plus radicaux, soulignent les dangers d’une élite déconnectée, appelant à une monarchie catholique attentive aux finances et au peuple.

Conclusion : Leçons pour une France Éternelle

Tout ce que nous venons de revivre – corruption des élites, fiscalité insoutenable, insécurité permanente, guerre civile larvée, instrumentalisation du peuple par des factions – ressemble étrangement à la France de 2025.

Les Cabochiens avaient vu juste sur le diagnostic : un royaume ne peut survivre quand les offices se vendent, quand l’argent du peuple disparaît dans les poches des puissants, quand le roi est fou ou captif et que les princes se déchirent.
Leur erreur fatale fut de croire qu’on pouvait réformer sans le roi légitime et sans la grâce de Dieu. Capeluche en est le symbole monstrueux : sans discipline chrétienne, la colère populaire devient démoniaque.
Aujourd’hui, la solution n’est ni dans la République qui a hérité de tous les vices de 1789, ni dans l’anarchie, ni dans le césarisme sans sacre.
Elle est dans le retour à une monarchie authentiquement catholique, seule capable de remettre l’État au service du bien commun, de rendre la justice au peuple français et de redonner à la France sa mission divine.

Parce que la France ne meurt jamais.
Elle attend son roi

Vive le Roi quand même.

Rambarde Knight

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