
Dans les plaines de Bavière, Napoléon vient de tisser la toile d’araignée la plus parfaite de l’art militaire. Le 15 octobre 1805, l’étau se referme sur Ulm. Pendant deux semaines, l’Empereur a manœuvré ses corps d’armée comme les pièces d’un échiquier géant. Le général autrichien Mack, enfermé dans la forteresse danubienne, découvre avec effroi l’ampleur du piège napoléonien.
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Contexte historique
L’année 1805 est un tournant. Le Premier Empire français, à son apogée, est la cible d’une nouvelle coalition européenne. L’Autriche, alliée à la Russie, fait partie de cette Troisième Coalition, déterminée à freiner l’expansion de Napoléon.
Napoléon rassemble la Grande Armée et marche vers le Danube. Plutôt que de foncer tête baissée, il choisit un plan audacieux : manœuvrer ses forces pour encercler l’adversaire.
De l’autre côté, le général Karl Mack von Leiberich, commandant l’armée autrichienne, sous-estime la rapidité et la cohésion de l’ennemi. Il se retranche à Ulm, pensant pouvoir se rallier aux forces russes ou engager une bataille décisive.
Les principaux protagonistes
Napoléon Bonaparte : à la manœuvre, stratège hors pair, orchestrant des déplacements massifs de troupes.
Karl Mack von Leiberich : général autrichien, enfermé à Ulm, dont l’erreur principale est d’avoir mal lu les intentions françaises.
Joachim Murat : maréchal de cavalerie, joue un rôle majeur dans la manœuvre de diversion.
Michel Ney : au corps VI, il participe à la prise d’Elchingen, un engagement clef profitant à l’encerclement.
Jean-de-Dieu Soult : l’un des lieutenants de Napoléon, actif dans les corps de manœuvre autour d’Ulm.
Le déroulé stratégique : comment Ulm est encerclée
La campagne d’Ulm est un modèle d’art manœuvrier. Après quelques escarmouches — à Wertingen (8 octobre) entre autres — Napoléon envoie ses corps de façon à couper toute retraite autrichienne.
Le 14 octobre, la bataille d’Elchingen, menée par Ney, scelle le destin des Autrichiens : cette victoire permet aux Français de contrôler des hauteurs stratégiques et d’achever l’encerclement.
Le 15 octobre, Napoléon entreprend une manœuvre décisive : il combine une demande de reddition aux Austro-Autrichiens (restée sans réponse) et l’occupation du village de Michelsberg, point dominant sur Ulm.
En quelques jours, les corps français (Marmont, Lannes, Ney, Suchet…) se positionnent, ferment les sorties, bloquent les ponts, et isolent totalement Ulm.
Le 16 octobre, Napoléon ordonne même quelques salves d’artillerie préventives pour intimider, sans déclencher un assaut massif.
Enfin, le 20 octobre, Mack, à court de nourriture, sous pression, et sans perspective de renfort russe, capitule : des dizaines de milliers d’hommes sont faits prisonniers.
Une victoire sans carnage : l’audace d’une stratégie moderne
Ce qui rend Ulm si emblématique, c’est que Napoléon ne cherche pas nécessairement un assaut sanglant : il use de mobilité, de ruse, et d’un timing parfait. Le succès repose non sur une bataille gigantesque, mais sur la rapidité et la coordination de ses corps d’armée.
Selon certains récits de l’époque, la Grande Armée se vantait : « L’empereur a trouvé une nouvelle méthode de faire la guerre : il ne se sert que de nos jambes et pas de nos baïonnettes. »
Une anecdote originale : un espion dans le camp autrichien
Un élément moins connu de cette campagne est le rôle d’un agent double, selon certaines sources. Pendant les préparatifs, Napoléon aurait bénéficié d’informations précieuses grâce à Schulmeister, un espion chez les Autrichiens, qui lui rapportait les plans de Mack.
Cette intelligence aurait permis à l’Empereur d’anticiper les mouvements adverses, de déployer ses corps de manière plus sûre, et d’exploiter les failles du plan autrichien. Ce n’est pas toujours évoqué dans les récits classiques, mais certains historiens y voient un facteur clé de la manœuvre victorieuse.
Conséquences et portée
La reddition d’Ulm affaiblit fortement l’Autriche : des milliers de soldats capturés et une armée brisée.
Cette victoire ouvre la voie vers Vienne, puis, quelques semaines plus tard, vers la bataille d’Austerlitz, qui consacrera Napoléon.
Stratégiquement, Ulm marque un tournant dans l’histoire militaire : ce type de manœuvre enveloppante sera étudié comme un des modèles de la guerre moderne.
Conclusion
Le 15 octobre 1805, Napoléon ne gagne pas seulement une bataille : il réalise un coup d’éclat stratégique, transformant des manœuvres coordonnées en une victoire écrasante sans affrontement majeur. Ulm est la preuve que le génie militaire peut l’emporter par l’intelligence, la vitesse et la ruse — et non uniquement par la force brute.
Cette opération illustre aussi la naissance d’un nouveau type de guerre, où la logistique, la mobilité et le renseignement jouent un rôle central. Pour Napoléon, c’est un pas de plus vers la gloire et vers Austerlitz — mais aussi un témoignage durable de son talent d’architecte de la guerre.
Napoléon en musique : Voila un brave !
une composition majestueuse et émouvante qui raconte l’épopée de la bataille d’Austerlitz et célèbre la victoire triomphale de Napoléon








